CyberPatrol et censure sur Internet
14/04/2001 CyberPatrol est un logiciel qui permet de filtrer les sites internet à partir de critères tels que la violence, le racisme, le sexe et bien d'autres. Pour mener à bien sa mission, ce logiciel que l'on installe sur son ordinateur vérifie que les sites visités ne font pas partie d'une liste noire contenue dans un fichier crypté. Si l'utilisateur tape l'adresse ou clique sur un lien renvoyant vers un site faisant partie de cette liste noire, CyberPatrol en interdira l'affichage. Cette liste de sites interdits étant cryptée il est impossible pour l'utilisateur d'en connaître le contenu ou encore pour un webmaster de vérifier la présence se son site dans la liste. C'est la société Microsystems Software éditeur de CyberPatrol (et filiale du marchand de jouet Mattel) qui décide des sites à intégrer à la liste noire.
L'absence de transparence autour de la censure des sites web a été à l'origine d'une croisade de deux informaticiens qui ont diffusé sur internet un logiciel qui casse le chiffrement de la liste noire. Ce programme intitulé cphack (pour CyberPatrol Hack) permet de lire en clair la liste complète des sites bloqués par CyberPatrol. Quel fut leur surprise de constater qu'en plus des sites pornographiques ou révisionnistes, figurent les sites d'associations étudiantes telle que Peacefire, de mouvements féministes, de club de bridges, d'universités. Des sites parlant d'échec ou encore de culture chinoise sont également bloqués. Ainsi de nombreux sites universitaires et même des hébergeurs de sites personnels se retrouvent dans la liste noire, interdisant donc aux utilisateurs de CyberPatrol l'accès à ces sites. Même le site de mon IUP d'informatique : http://bat710.univ-lyon1.fr (de l'université Claude Bernard, Lyon 1) se retrouve censuré (catégorie B) ! Quant à moi, le CyberZoïde, étant un site hébergé par multimania.com qui lui-même figure dans la catégorie X, je suis censuré par CyberPatrol. Ainsi peut-on supputer que la méthode de sélection des sites bloqués est contestable (voir parfaitement arbitraire) puisque le contenu de bon nombre d'entre eux est sans reproche. L'association américaine de défense des libertés individuelles : l'ACLU (American Civil Liberties Union) s'était portée partie civile l'an dernier (mars 2000) aux côtés des créateurs du cphack qui ont été sommés de retirer leur programme pirate de la circulation et traînés devant les tribunaux par Mattel.
Les éditeurs de censorware (censuriciel en français) c'est-à-dire de logiciels de filtrage devront à l'avenir adopter une attitude plus transparente face à la liste noire ainsi qu'une méthodologie de classification des sites à bloquer acceptable : quels sites à bloquer ? pourquoi ? et dans quelles conditions ? Le mieux serait d'éditer en ligne et en clair cette fameuse liste noire et de permettre à des sites de retrouver leur honneur (et leurs cybervisiteurs patroliens) s'il s'avère qu'il n'avait pas été légitime de les censurer. |