Poulets dioxinés
Notre société voit depuis environs 50 ans les sciences et techniques prendre une part de plus en plus importante dans notre vie quotidienne. Les sciences ont permis de doter nos foyers d'un téléviseur, de se doucher à l'eau chaude, de naviguer sur internet, d'appeler le médecin grâce au téléphone… Mais désormais, ce n'est plus ni le confort, ni l'outil qui est recherché. Car les efforts de productivisme sont arrivés à un tel point que c'est la nature elle-même qui limite l'intensification des rendements agricoles. Depuis la nuit des temps, l'homme put créer de nouvelles espèces plus résistantes, dont la croissance est plus rapide, qui nécessitent des éléments nutritionnels en quantité moindre grâce à l'hybridation naturelle. Mais cela ne suffit plus, la politique générale d'intensification, de rendements toujours meilleurs et à moindre coût se voit ralentit : la nature s'essouffle, elle ne peut guère aller plus loin. On va donc chercher à la doper ! Si la constitution intrinsèque (c'est-à-dire génétique) des animaux et des végétaux ne permet plus de pousser encore plus loin l'exploitation des ressources naturelles, alors on va la modifier. Ainsi naquirent les OGM (organismes génétiquement modifiés). Des ingénieurs en biotechnologie modifient l'ADN des plantes et des animaux en ajoutant des gènes appartenant à d'autres espèces et qui sont susceptibles d'exprimer une nouvelle caractéristique qui elle va permettre à ces organismes de repousser leurs limites. (Voir plus loin les articles concernant les génie-génétique.) Lorsque l'option génétique n'est pas retenue comment faut-il procéder ? Si les éléments nutritifs propres à une espèce ne suffisent plus à augmenter la productivité, pourquoi se priver de changer leur régime alimentaire ?!! C'est effectivement la solution qui fut retenue pour le poulet belge comme pour la vache anglaise. Des industriels ont donc donné des dérivés animaux à des herbivores. Donner des carcasses d'animaux morts aux herbivores que sont les vaches a engendré la catastrophe de santé public que nous connaissons tous : la crise de la vache folle. Tout comme la vache, les poulets, poissons, ovins (etc. ?) ont été nourris de manière très contre-nature. Les espèces animales et végétales ont mis des millions d'années pour se constituer un patrimoine génétique leur permettant d'être en harmonie avec l'ensemble de l'écosystème ainsi qu'avec les pressions environnementales. Modifier pour un oui ou pour un non ce patrimoine génétique ou bouleverser les pressions environnementales afin d'espérer en quelques mois gagner une part de marché un peu plus importante ne peut raisonnablement pas conduire à un équilibre stable. Pourtant, de plus en plus d'industriels ont recours à ce genre de méthodes sans prendre suffisamment de précautions. Les politiques aussi bien françaises qu'européennes ne se sont que très rarement préoccupées de l'impact des technologies nouvelles sur l'avenir de l'humanité. Que laisseront-nous aux générations futures ? Avons nous le droit de dérégler la mécanique génétique mise en place naturellement depuis des millions d'années ? Pouvons-nous nourrir le bétail destiné à nos assiettes n'importe comment ? Ou bien devons-nous nous assurez préalablement de l'innocuité de nos interventions sur la nature ? |