Pourquoi?
Le progrès scientifique est illégal

16/06/2001

Le piratage des musiques prive les puissants éditeurs d'une fraction de leur chiffre d'affaire notamment à cause de la popularité du format MP3 et de la facilité technique de copier au format MP3 les pistes des CD audio et de dupliquer ces derniers grâce aux graveurs très répandus.

En septembre 2000, était lancé le très médiatique concours organisé par la SDMI (1) (consortium d'industriels) qui proposait un prix de 10 000 $ à toute personne parvenant à cracker l'une des six nouvelles technologies de protection des oeuvres musicales au format digital. Ces méthode de sécurisation des fichiers musicaux ont pour objectif de rendre impossible de piratage des musiques distribuées par la RIAA (2) qui est le lobby qui regroupe les majors de l'industrie du disque américains.

Une équipe de chercheurs menée par Edward Felten - professeur de sciences informatiques - de l'université de Princeton, aux Etats-Unis a réussi à mettre en défaut les méthodes de cryptages utilisées par les systèmes anti-piratage. Alors qu'ils devaient révéler lors d'un sommet sur la « Dissimulation d'informations » qui se tenait du 25 au 27 avril 2001 à Pittsburgh en Pennsylvanie, les résultats de leurs recherches sur les méthodes de marquage du SDMI, leur auditoire a du rester sur sa faim : la puissante RIAA et le SDMI les ont menacés de poursuites judiciaires, arguant que rendre publique la méthode de cryptage contreviendrait au DMCA (3) qui est une loi qui rend illégale la fourniture d'une technologie permettant de passer outre les systèmes de sécurités que l'industrie du disque met en oeuvre pour protéger les droits d'auteurs.

Intérêts
économiques
contre liberté
d'expression

Face à cette menace, Edward Felten c'est contenté d'un laconique « Un affrontement juridique serait coûteux et incertain. Après réflexion, nous, les auteurs, avons pris la décision de ne pas nous exposer, pas plus que nos employeurs ou que les organisateurs de la conférence ». Finalement, après quelques mois de réflexion, les chercheurs, soutenus par l'EFF (4), association de défense de la liberté d'expression sur Internet, opposent un recours devant le tribunal fédéral afin de permettre la publication de leurs résultats. Cindy Cohn, directrice juridique de l'EFF, martèle que « Lorsque des scientifiques sont empêchés par l'intimidation de publier leur travail, cela remet en cause le premier amendement (5) ».

Les puissantes organisations américaines tentent d'empêcher par tous les moyens que soient diffusés les détails de leur technologie qui pourtant on le sait n'est pas efficace. Cette volonté farouche de maintenir le secret quant à l'inefficacité de leurs technologie au détriment de la recherche scientifique est très grave, et ce pour au moins deux raisons. La première est que de rendre illégal les publications des recherches scientifiques ne peut qu'être préjudiciable à l'humanité. Notre société ne peut pas se permettre de mettre en péril notre avancement technologique et scientifique dans le seul but de préserver des intérêts particuliers douteux. Et deuxièmement, faire croire - en toute connaissance de cause - aux consommateurs que les produits qu'ils achètent sont sûr alors qu'ils ne le sont pas, qu'ils contiennent des failles est totalement déloyale (c'est de la tromperie) et est de nature à les mettre en danger. Le plus grand danger est de permettre ainsi à des organisations criminelles d'exploiter ces failles à l'insu des consommateurs et des services de sécurité.

L'attitude de l'industrie du disque est parfaitement inadaptée, ils devraient reconnaître l'inefficacité de leur technologie plutôt que de s'engager dans des procédure coûteuses, non populaire et contre-productives.

(1) SDMI : Secure Digital Music Initiative
(2) RIAA : Recording Industry Association of America
(3) DMCA : Digital Millenium Copyright Act
(4) EFF : Electronic Frontier Fondation
(5) Le premier amendement de la constitution des Etat-Unis garanti la liberté d'expression.


Voir aussi :

Terrorisme informatique

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