Du sexe dans l'espace
17/06/2001 Il y a quelques mois, Pierre Kohler (1) rapportait dans son livre « La dernière mission : Mir, l'aventure humaine » d'étranges expériences élaborées par la NASA visant à étudier les techniques d'accouplement humain en apesanteur. Expériences mises en pratique d'après lui ces dernières années lors de vols spatiaux. Faits qui n'ont jamais été confirmés par les agences spatiales gouvernementales tant américaines que soviétiques. Cela pose le problème des relations humaines au sein d'un équipage au cours d'une période de longue durée dans l'espace. Outre la variété des nationalités (2) des astronautes d'un équipage du fait de la nécessaire coopération internationale en matière spatiale en raison des coût exorbitant de telles missions, la présence de femmes se généralise. Et beaucoup ont fantasmé sur de possibles relations amoureuses en apesanteur... Les prochaines décennies verront la tentative d'exploration de la planète Mars par une mission habité internationale. Un tel voyage durerait un an. Au cours d'une période aussi longue, dans un espace aussi isolé d'une fusée dans le cosmos, et malgré le sérieux qu'on attend d'un équipage de scientifiques ; il n'est pas déraisonnable de penser qu'un équipage mixte puisse voir des couples se former. Les médias nous ont habitués à voir les spationautes comme des personnes d'une rigueur incroyable sans faire la publicité des liens qui se tissent entre eux.
Pour sa part, Anatoly Grigoryev, directeur de l'Institut des sciences médicales spatiales russe, préconise de s'abstenir des équipage mixtes pour s'en tenir à un équipage entièrement masculin en vue de réaliser de telles missions d'explorations de la planète rouge. L'équipage aurait ainsi, selon l'agence russe, moins de chance de sombrer dans des conflits qui risqueraient de nuire à la sécurité de la mission. La discipline quasi-militaire imposée aux astronautes (qui au début de l'aventure spatiale étaient des militaires) trouve son origine dans la nécessité de préserver la vie des équipages qui ne peuvent compter sur aucune aide extérieure une fois ayant quitté le sol terrestre. Mais aussi le coût des matériels utilisés est tel qu'on ne peut pas se permettre de les perdre pour des raisons de discipline. Et l'image de l'avancement technologique de la nation responsable du vol est en jeu. L'agence russe imagine peut-être les pires scénarios : par exemple, qu'un astronaute sabote délibérément un outil de haute technologie par dépit amoureux. Les femmes représenteraient-elles pour le personnel masculin une raison de se disperser et d'oublier les impératifs de missions ? C'est une réaction mi-puritaine mi-machiste qui n'est pas sans rappeler les sarcasmes et l'ironie de mauvais goût qui ont accompagnés l'arrivée de personnels féminins dans l'armée française.
L'élaboration de telles missions d'exploration, en raison de la variété des compétences en jeu et de la durée des missions, mènera probablement à la création d'espaces de vie dans les engins spatiaux d'un type nouveau qui permettrons à l'équipage de se détendre et d'avoir un minimum d'intimité et de liberté. On ne peut pas demander à des spécialistes une attention optimale et permanente chaque jour pendant des mois sans pour autant mettre sur pied une organisation plus humaine à bord qui puisse leur permettre de gérer leur stress et de se retrouver dans un espace plus convivial. Un vrai tissu social se mettra progressivement en place. (1) Pierre Kohler était astronaute avant de devenir journaliste. Son livre livre « La dernière mission : Mir, l'aventure humaine » est paru aux éditions Calmann-Lévy. |