La variole est une maladie virale très grave puisque mortelle pour 15% des cas. Après de nombreuses et importantes campagnes de vaccination, l'Organisation Mondiale de la Santé déclare en 1978 que la variole est finalement éradiquée dans le monde entier. Les pays membres de l'OMS (sous-structure de l'ONU) avaient voté la destruction de tous les stocks de virus de la variole pour fin juin 1999. Mais prétextant la recherche de nouveaux vaccins pour contrer d'éventuelles attaques terroristes ou la possible (= improbable) résurgence de la variole, Washington reporte toute décision à 2002.

Les Etats-Unis se préparent-ils à faire du virus de la variole un usage offensif ? C'est une question que se pose aujourd'hui la communauté scientifique. Car le prétexte du terrorisme biologique est absurde en ce qui concerne la variole. En effet, ce virus extrêmement contagieux et dangereux nécessite d'être manipulé dans des conditions que seuls les laboratoires P4 sont capables de fournir. Hors de telles installations sont extrêmement coûteuses et difficiles à gérer. Ainsi un groupe de terroristes n'aurait jamais ni les moyens financiers ni les compétences pour manipuler la variole. Sans oublier que les seules souches de virus encore existantes sont en possession des grandes puissances.

Doit-on s'inquiéter de la décision américaine ou au contraire considérer qu'il nous faille nous prémunir d'une éventuelle attaque terroriste ? Est-il raisonnable d'envisager réellement la survenue d'événements qui contentent la paranoïa collective associée aux risques technologiques ? Ce silence des autorités sur les menaces terroristes dont elles parlent, le doute que la communauté scientifique peut légitimement laisser planer sur les réelles intentions des Etats-Unis ne risquent-ils pas de faire encore plus peur que le terrorisme auquel nous sommes constamment confrontés ?